lu dans le journal l'Ariégeois : "Il y avait, il y a encore peu, au coind de la rue, un très vieux magasin d'articles de chasse et de pêche. Un mien ami le tenait. Et nous y discutions souventes fois de nature et de traditions. Puis, comme vous le savez :"Tout passe, l'art robuste seul a l'éternité, le buste survit à la cité" (Th. Gauthier). Et le rpopriétaire s'en fut vers quelque retraite bien méritée et montagnarde. Il coule dit-on des jours heureux à côté de torrents moultement entruités. Après avoir vendu des cannes à pêche, des fusils et de nombreux appâts, il fréquente les sapinières d'altitude et mire les cimes enneigées. Et son magasin me direz-vous ? Justement, j'allais vous l'écrire. Il a été rénové, embelli, ré-aménagé ! En un mot, il a complètement changé. Vous ne le reconnaîtriez pas.
Jadis, on y croisait le pêcheur débonnaire, qui répétait à longueur d'année : "Ya plus rien, c'est pas comme avant. Tu te souviens ?" Et c'était reparti vers une antique nostalgie, où il suffisait presque de se baisser pour ramasser les truites... C'était un haut lieu de rencontres. On était sûr d'y croiser aussi quelque Tartarin local toujours en quête de "faisant dans le maïs" ou de lièvre"gros comme un chien"On l'avait loupé, certes, mais il avait "accusé le coup..."
Fini donc les pêcheurs, chasseurs et autres bavards fort sympathiques qui refaisaient le monde à côté du "Café du Commerce!"
Et voici donc un magasin moderne, séduisant, coloré, chatouillant, à la vitrine élégante et suggestive. On y vend devinez quoi ? Des dessous féminins. Que la vitrine elle même en est "rebondie". On y veend donc des "appas..." Je n'ose plus y entrer, biens sûr. Me rappelant de cette belle phrase de François, duc de la Rochefoucauld, qui vécut au Grand Siècle du côté de Louis XIV : "Les vieux donnent de bons conseils, parce qu'ils ne peuvent plus donner le mauvais exemple" Et ayant pris la retraite depuis bien longtemps... je me garde bien de pénétrer dans cet antre peuplé de jeunes et jolies dames dont le commerce m'est forcément étrange et étranger (encore qu'on puisse aussi y parler Nylon, comme pour la pêche)
Un jour cependant, poussé par un coup de curiosité juvénile (!), j'y fus. Bon accueil, parfum doux et léger. A l'époque des chasseurs et pêcheurs, ça puait parfois l'asticot (pas le poisson pourri), pas tout à fait le sanglier, mais ... le long entretien avec les chiens doit laisser quelques traces...
A présent, rien de tel. Un langage mesuré, tout en finesse, de l'élégance, en un mot de la féminité.
Après quelques propos polis, on me demande si je souhaite acheter un string ou un bustier ! Que nenni... Et j'explique que le but de ma visite est ma longue amitié (nostalgique) pour l'ancien propriétaire et l'ambiance d'antan.
Je m'interroge cependant sur le rapport entre l'ancien commerce qui vendait des hameçons, et le nouveau qui offre des soutiens-gorge.
La dame, fine mouche, à la répartie vive et à qui la fréquentation des belles femmes a dû beaucoup en apprendre sur la "sottise" des hommes, me répond du tac au tac.
"Oh vous savez, de toutes façons, hameçons et soutiens-gorge ne sont que des appâts (appas) et c'est toujours pour attraper ... des poissons..."
